La dépression peut-elle toucher les plus jeunes ? Les enfants sont-ils suffisamment « matures » pour être déprimés ? Toutefois, elle ne se manifeste pas de manière identique chez un enfant, un adolescent et un adulte. Ceci rend sa détection plus difficile parfois. Plus encore, la stigmatisation sociale de la dépression peut décourager certains enfants et parents à demander de l’aide. Mais la dépression est un problème fréquent, sérieux, et surtout qui a tendance à récidiver s’il n’est pas pris en charge de façon adaptée.
De plus, les causes de la dépression sont parfois difficiles à identifier. Chez un enfant, elles peuvent être multiples : la mort d’un proche, un sentiment d’impuissance ou de culpabilité face à des problèmes familiaux, le rejet et les mauvais traitements de ses camarades de classe, par exemple.
Comment repérer la dépression de mon enfant ?
Chez l’enfant, la dépression est une véritable maladie qui engendre une profonde tristesse sur une longue période, et qui entraîne des changements de comportement. La dépression se complique parfois par une fugue, ou une tentative de suicide, en particulier chez les adolescents. Un enfant dépressif peut souffrir au point d’envisager le suicide, même si les moins de 12 ans passent rarement à l’acte.
Comment se manifeste une dépression chez l’enfant ?
- Votre enfant présentera généralement une humeur triste quasiment toute la journée, presque tous les jours. Mais beaucoup d’enfants peuvent être irritables plutôt que tristes, avec des crises de colère explosives, des sautes d’humeur ou des problèmes de comportement que vous ne leur connaissiez pas.
- L’appétit et le sommeil sont également souvent perturbés. Votre enfant peut souffrir d’insomnie, d’hypersomnie, ou présenter un décalage de ses horaires de sommeil habituels. Son appétit peut être significativement réduit, avec une perte de poids conséquente (ou une prise de poids insuffisante si votre enfant est en pleine croissance), à l’inverse l’appétit peut être augmenté de façon inappropriée.
- Vous noterez parfois chez lui une baisse marquée de l’intérêt ou du plaisir éprouvés pour les activités qui lui en procurent normalement. Il pourra avoir tendance à s’isoler et restreindre ses activités, augmentant considérablement sa consommation d’écrans par exemple. Il peut également continuer à vaquer à ses occupations habituelles, mais au prix d’un effort considérable.
- Se concentrer devient une tâche très coûteuse pour lui, notamment à l’école, où il peut paraître absent ou préoccupé, avec souvent un décrochage scolaire et un déclin dans ses performances.
- Il peut avoir tendance à se dévaloriser, avoir le sentiment qu’il est nul, l’impression qu’il n’est plus aimé, ou que rien ne marchera jamais pour lui.
- Certains enfants pourront se plaindre de symptômes physiques divers (comme des maux de tête, des maux de ventre, ou une fatigue importante). Ces plaintes corporelles peuvent parfois être l’unique reflet de la souffrance de l’enfant, notamment quand celui-ci a du mal à verbaliser sa souffrance morale.
- De façon générale, toute rupture avec son état antérieur, tout changement récent et significatif dans le comportement de l’enfant doit interpeller et vous amener à prendre un avis auprès d’un professionnel de la santé psychique.
- Finalement, des idées noires peuvent émerger, pouvant se traduire par des thèmes morbides dans le jeu ou les dessins, ou à travers des préoccupations récentes autour de la question de la mort. Certains enfants peuvent avoir de vraies idées suicidaires, voire tenter de se faire du mal, parfois malgré une compréhension encore imparfaite du concept de la mort.
Quels sont les signes qui doivent alerter chez l’enfant ?
Les parents doivent rester attentifs aux éventuels symptômes d’une dépression chez leur enfant. Ces comportements apparaissent souvent d’une manière soudaine : Il rencontre des difficultés à l’école, qu’il ne rencontrait pas auparavant. Ses résultats se dégradent, il a du mal à se concentrer, il est souvent perdu dans ses pensées, il est renfermé ou, à l’inverse, perturbe la classe. Il a souvent des sautes d’humeur. Il alterne les phases d’irritabilité où il se met facilement en colère, et les phases de repli.
En tant que parents, gardez l’œil ouvert sur de soudains changements de comportement de votre enfant. La situation peut s’aggraver rapidement. Un enfant n’a pas la force nécessaire pour surmonter sa détresse et il a besoin de votre aide et de votre attention.
Avant tout, rassurez-le et dites-lui qu’il aura toujours votre soutien et votre affection. Restez présent dans son quotidien et accompagnez-le dans ses diverses activités. Gardez du temps pour discuter avec lui et l’écouter, il doit sentir que vous êtes attentif à ses soucis. S’il choisit de se confier à une autre personne (grands-parents, oncle, tante, ami de la famille ou enseignants, par exemple), ne vous vexez pas.
L’essentiel est qu’il ne reste pas seul avec sa souffrance et que la discussion soit un exutoire pour lui. Il peut montrer une certaine pudeur à parler à ses parents et se sentir plus à l’aise avec une tierce personne.
Quelles sont les causes de dépression infantile ?
Les causes de la dépression infantile peuvent être difficiles à identifier mais différents facteurs peuvent être mis en causes :
- Le terrain génétique notamment si l’un des parents de l’enfant souffre ou a souffert de troubles de la santé mentale (dépression, bipolarité)
- Un déséquilibre biologique entravant le bon fonctionnement du cerveau de l’enfant ; Un tempérament, tel que l’hypersensibilité, un haut potentiel intellectuel, un trouble de l’attention ou un trouble du spectre autistique
- Un problème de santé, notamment si l’enfant vit avec une pathologie chronique ou une maladie nécessitant un traitement durable
- L’environnement familial, comme la maltraitance, les conditions de vie, le rejet ou la négligence
- Le stress, l’anxiété et l’épuisement psychologique, notamment si l’enfant subit du harcèlement scolaire de la part de ses camarades ou s’il se considère comme étant différent de ces derniers (orientation sexuelle, activités pratiquées…) et que cela entraîne un rejet ou de l’intimidation de la part de la société et de ses pairs
- Un changement environnemental, comme un décès dans l’entourage, un déménagement ou une séparation.
La dépression chez les tout-petits (moins de 5 ans)
Même si la dépression est rare chez les tout-petits, elle peut survenir dès l’âge de 3 ans. Les enfants très jeunes risquent davantage de faire une dépression s’ils ont des antécédents familiaux de dépression. De même, les tout-petits qui ont un tempérament « difficile » (du point de vue de l’autocontrôle, de l’attachement et des crises) et sensible depuis leur naissance sont aussi plus à risque.
Un enfant dont la mère a souffert de dépression durant la grossesse ou jusqu’à trois années après son accouchement est également plus vulnérable à la dépression. Cela peut être dû au fait que, pendant sa dépression, la mère n’est pas suffisamment parvenu à développer un lien affectif sécure avec son enfant. Une dépression chez le père peut également avoir un effet sur l’enfant.
Que faire si votre enfant montre des signes de dépression ?
Si votre enfant montre des signes de dépression, vous devez consulter un professionnel de la santé. Toutefois, en tant que parent, vous avez aussi un rôle à jouer pour favoriser le bien-être de votre enfant et pour lui donner une bonne structure au quotidien.
- montrez-lui que vous êtes présent
- passez du temps de qualité avec lui
- soyez empathique et montrez-lui que vous comprenez ses émotions
- assurez-vous qu’il a une bonne hygiène de vie :
- repas équilibrés et variés,
- sommeil suffisant,
- exercice physique régulier, etc.
À retenir
La dépression est un trouble de santé mentale qui influe sur le raisonnement de l’enfant ainsi que sur son humeur et ses comportements. Même si la dépression est rare dans la petite enfance, elle peut toucher les enfants dès 3 ans. Si vous êtes inquiet pour votre enfant, n’hésitez pas à consulter, car la dépression doit être traitée.
Quels sont les traitements de la dépression de l’enfant ?
Le traitement de la dépression chez l’enfant et l’adolescent repose sur le soutien psychothérapeutique, avec l'aide d'un professionnel du psychisme des enfants. Il peut également se révéler nécessaire de modifier l’environnement de l’enfant s’il n’est pas adapté là où il est.
En guise de conclusion
La dépression de l’enfant, bien que pouvant se manifester différemment de celle de l’adolescent, est un problème sérieux et qui doit être pris en charge de façon adaptée. Il est rare de trouver une cause unique expliquant sa survenue chez votre enfant. L’effort devrait plutôt être concentré sur l’identification en psychothérapie des facteurs qui ont tendance à la perpétuer pour ainsi diminuer considérablement les risques que celle-ci récidive à l’avenir.