Être triste, cela arrive à tout le monde de temps à autre. La tristesse est une émotion compréhensible, parce que la vie est stressante et qu’il se produit des choses qui nous rendent tristes. La plupart du temps, nous trouvons une façon de faire face à la situation ou de l’accepter, ce qui nous permet alors d’aller de l’avant.
Qu’est-ce que la dépression ?
La dépression n’a toutefois rien à voir avec la tristesse régulière. On parle de dépression lorsque le stress ou les sentiments de tristesse deviennent accablants et ne disparaissent pas naturellement. C’est une tristesse si grave qu’elle perturbe les activités de tous les jours, empêchant l’enfant ou l’adolescent de profiter pleinement de sa vie.
Caractéristiques psychologiques de l’adolescent
L’adolescence est une période de transition marquée par de multiples transformations. Les équilibres sont fragiles concernant le rapport au corps, la construction de l’autonomie et de la subjectivité, ainsi que la socialisation. Il s’agit de la classe d’âge qui a le moins recours aux soins lors de difficultés psychiques.
Les symptômes d’appel sont multiples et appartiennent à différents registres :
- Les symptômes s’expriment dans différents lieux (famille, scolarité, etc.) et leur expression dépend de l’environnement (culturel, familial, relationnel).
- L’adulte peut être vécu comme intrusif ou menaçant son autonomie.
- L’adolescent ne donne pas spontanément sa confiance. Celle-ci est à construire et elle est une condition nécessaire mais non suffisante pour la confidence.
- Le monde interne de l’adolescent (capacité de mentalisation, vécu intrapsychique) évolue. Aussi le recours aux passages à l’acte (plutôt que mentalisés) est plus fréquent que chez l’adulte.
- La plainte est souvent à interpréter au-delà du motif évoqué.
Contexte et entourage de l’adolescent
Les symptômes doivent être mis dans le contexte actuel (synchronique) et historique du sujet (diachronique) pour être mieux appréhendés. L’évaluation des symptômes et le choix de la prise en charge doivent notamment tenir compte :
- du contexte familial, scolaire, culturel, social (recueillir parfois le point de vue de personnes intervenant auprès de l’adolescent : travailleur social, acteurs scolaires, etc.);
- des particularités développementales du sujet et de son fonctionnement (cognitif, affectif, relationnel, scolaire);
Les symptômes de la dépression
Manifestations émotionnelles :
- Le sujet peut manifester de la tristesse, une crainte, de l’angoisse, de l’ennui, de la morosité, être au bord des larmes, irritable ou révolté mais ces manifestations ne sont pas envahissantes, ne marquent pas une rupture (pas de retentissement sur les investissements). Elles sont transitoires et adaptées aux circonstances.
- tristesse, abattement ou découragement envahissant, pleurs fréquents, labilité de l’humeur : se dit « triste » ou « morose » ;
- angoisse envahissante et majoration d’une symptomatologie anxieuse préexistante;
- se montre grincheux, revendicateur, coléreux, hostile, agressif, blâme les autres, est très réactif à la frustration (à ne pas confondre avec une simple intolérance à la frustration d’origine éducative) ou hypersensible au rejet : « à fleur de peau »;
- perte de plaisir partielle ou totale (anhédonie), indifférence affective, ennui persistant, perte de motivation, d’intérêt, d’entrain, dans les activités (sport, jeux) et les relations.
Manifestations cognitives :
- Changement de regard sur soi ; apprentissage progressif de sa propre valeur amenant à vivre des sentiments transitoires de dévalorisation, de pessimisme ou de honte;
- attitudes transitoires de dénigrement ou d’hypersensibilité
- Idées envahissantes de dévalorisation, d’impuissance, de désespoir, de culpabilité, d’indignité :
- ne peut pas dire ses qualités, se dit « méchant » ou qu’il « mérite d’être puni »;
- sentiment de ne pas être aimé, d’être rejeté avec retrait ou quête d’affection ou hyper-investissement de certaines relations.
- questionnement sur le sens de la vie ou la mort en général, sur le sens de ses propres choix, voire pensées sur sa mort
- idées de mort récurrentes (désir de mort passive : « la vie ne vaut pas la peine d’être vécue », « la mort me soulagerait »)
- idées suicidaires récurrentes (désir de se donner la mort : « je veux me faire du mal ») voire intention suicidaire (projet) ou tentative de suicide
- présence de complexes physiques non envahissants, des croyances de la culture familiale
- idées dysmorphophobies (déformation de la représentation de son corps non conforme à la réalité) envahissantes, délires et hallucinations
- isolement (repli sur soi ou sur certaines activités isolées comme les jeux vidéo) et évitement des relations voire comportements négatifs ou d’opposition lorsqu’on les sollicite;
- comportements à risque important en rupture avec le fonctionnement de l’adolescent : ivresses, comportement sexuel à risque, fugues, etc.
- signes d’alerte suicidaire, signes de crise suicidaire Intentionnalité suicidaire
- désespoir, sentiment d’impasse, d’avenir bouché, de perte du sens de la vie, de culpabilité, de dénégation de soi
- retrait avec désinvestissement des liens (amis, famille, société)
- conduite d’alcoolisation aiguë, consommation à risque de substances psychoactives
Facteurs protecteurs
Il existe des facteurs protecteurs de la dépression, tels que :
- une bonne estime de soi;
- des styles cognitifs positifs (confiance dans ses capacités d’adaptation, optimisme, activités créatives, perception des situations comme résolvables, etc.);
- la qualité du soutien familial;
- la capacité à utiliser le soutien amical et les adultes ressources;
- la pratique sportive récréative.
Recommandations à mettre en place
- Dites à votre enfant que vous avez remarqué que quelque chose ne va pas. « J’ai remarqué que tu te comportes un peu différemment / tu es stressé / triste, etc. ces jours-ci. »
- Exprimez vos préoccupations. « Je m’inquiète pour toi. »
- Écoutez et faites preuve d’empathie. Écoutez votre enfant, sans l’interrompre ou vous précipiter pour lui donner des conseils. Cela peut vous sembler logique
- Offrez du soutien. « Dis-moi comment je peux t’aider. Veux-tu que je t’écoute ou que je te donne des conseils ? » ou « Veux-tu que je te donne de l’espace ? Ou bien je peux juste m’asseoir avec toi et te tenir dans mes bras ? » Les adolescents plus âgés auront une bonne idée de ce qu’ils veulent de votre part.
- Aidez votre enfant ou adolescent à découvrir ce qui pourrait être la source de son stress, puis aidez le ensuite à trouver des façons d’y faire face. Lorsque votre enfant est calme, vous pourriez peut-être lui demander ce qui le stresse. Ou s’il ne le sait pas, vous pourriez peut-être essayer de le deviner. Les sources de stress les plus courantes sont l’école (camarades de classe, enseignants, devoirs, intimidation) et la maison (frères et sœurs, parents).