
Lorsqu’on commence à évoquer pour soi, la possibilité d’une psychothérapie comme solution pour se soulager d’une souffrance psychologique, on éprouve souvent une certaine crainte de l’inconnu. On se demande comment ça va se passer ? Une thérapie est d’abord une méthode, c’est un processus, un cheminement et comme tout cheminement il est balisé par des étapes.
Les cinq étapes-clés d’une psychothérapie
1) La confiance

Faire confiance, se faire confiance, obtenir la confiance Du psychologue que l’on a choisi : c’est la confiance qui va poser les fondations du suivi thérapeutique. C’est une prise de risque pour le patient comme pour le psychologue. Il s’agit d’un moment de tension, d’incertitude, de remise en cause de part et d’autre, de négociations en vue de trouver un accord. Ce qui est l’enjeu ici est de pouvoir co-construire une relation de confiance entre les deux. Le patient et le psychologue dans un premier temps vont essayer de se connaître, de se comprendre, et de s’apprécier mutuellement pour travailler au mieux ensemble pour voir ce qu’il est possible de faire. C’est un objectif fondamental pour pouvoir atteindre tous les autres. Cette période peut être selon les cas plus ou moins longue. Cela passe par un temps d’échanges de plusieurs séances, libre, non dirigé. Ce moment mobilise d’abord pour le psychologue, et en particulier les psychologues humanistes, de l’empathie, de la congruence et une considération positive inconditionnelle envers le patient.
2) Le lâcher-prise
La confiance permet le lâcher prise. Généralement quand une personne prend la décision de consulter un psychologue c’est qu’elle ressent une tension intérieure très élevée, voir une souffrance psychologique manifeste, qu’elle ne parvient pas ou plus résoudre. Sa première demande est d’abord de retrouver de l’apaisement, de restaurer le bien-être en elle-même, d’abaisser la tension intérieure qui trouble sa vie. C’est sa problématique qui mène sa vie.
Le travail du psychologue, selon sa formation, et ses orientations sera d’aider la personne à lâcher prise, psychiquement sur sa problématique. Patient et psychologue peuvent également examiner ensemble en quoi consiste cette « prise » du problème sur l’esprit du patient. Ils peuvent interroger aussi les mécanismes en jeu dans le stress que ressent le patient, dans les fixations mentales et les ruminations qui l’enferment dans son problème.
Parler fait du bien, être écouté plus encore, cela permet à nouveau de retrouver une présence à soi et au monde.
3) L’analyse
En général, une fois qu’on atteint un certain lâcher-prise, un certain apaisement intérieur, la demande qui apparait chez le patient c’est de comprendre. Grâce au lâcher-prise, il va pouvoir désormais rentrer dans ce travail d’analyse approfondie. Car il ne s’agit pas seulement de lâcher-prise, de se sentir un peu mieux, mais aussi de trouver du sens à tout ça. En effet les tensions qui ont été vécues jusqu’au lâcher prise sont le fruit d’une problématique intérieure, profonde. Ici le travail d’analyse a pour finalité de comprendre sa problématique, de mieux se comprendre, de donner sens aux évènements traversés, de les mettre en perspective, de mettre en lien les affects (les émotions), les concepts (les idées) et les percepts (sensations).
Commence alors tout un travail d’exploration et de recueil. On recueille des souvenirs, des représentations de soi, du monde et des autres, mais aussi des croyances, des rêves, des projets, des représentations inconscientes, toutes sortes de pensées et d’informations. Il y a en effet des situations qu’on a du mal à exprimer simplement, directement par des mots.
Le pendant inhérent de l’analyse c’est en effet l’interprétation. Toutes ces informations, il s’agira de les mettre en ordre. Il n’y a pas de bon ordre et il n’y en a pas de mauvais dans l’absolu. Le bon ordre c’est celui qui est en rapport au contexte. C’est pourquoi une analyse psychologique est toujours une compréhension de soi et du monde à la fois. Le travail du psychologue, ici, c’est d’aider le patient à structurer sa pensée, à évaluer les choses, pour construire une analyse cohérente et efficace, ou s’articule mieux, l’imaginaire, le réel, les concepts et les affects.
Dans tous les cas, au final, il s’agit pour le patient d’obtenir une représentation schématique approfondie, pas forcément complète, de soi, de son comportement, de son histoire, de son environnement. Il s’agit à travers ce travail d’analyse de faire émerger, ce qui jusque-là échappait à la compréhension.
4) La résolution
On pourrait aussi l’appeler « révolution ». Car il s’agit ici de rendre ancien par les actes, ce qui dans le présent ne marche plus. Le nouveau moi qui surgit de l’intégration de ce qui a émergé dans la phase d’analyse chasse l’ancien, le rend révolu. On pourrait encore l’appeler « phase d’actualisation », car il s’agit de rendre actuel, par les actes, mis en actes donc, ce qui dans la phase d’analyse a été découvert.
Les représentations schématiques, les interprétations, que l’on peut produire au cours d’une analyse n’ont de valeur que si elles peuvent être utilisées par agir en soi, sur soi et sur le monde. Il faut que ça sorte de l’espace clos du cabinet pour prendre réalité dans la vie du patient. Cette un acte maïeutique pur, c’est comme s’il naissait, à nouveau.
Il s’agit alors d’une phase d’élaboration créative et de résolution de problèmes. En effet, au bout d’un certain temps du travail d’analyse, le travail de conceptualisation va s’approfondir. C’est l’inconscient qui va se mettre au travail alors. C’est un travail non-visible, qui suppose de lâcher-prise, d’interrompre ou de ralentir le travail de surface, visible, manifeste. À ce moment, on voit spontanément les patients régler des problèmes de vie, de logement, d’apparence physique, de travail, de santé… etc.
5) L’auto-évaluation
Enfin, le cinquième temps d’un processus thérapeutique, c’est la phase d’auto-évaluation. Lorsque l’on a réalisé ce qu’on souhaitait, qu’on a accompli (ou presque) les projets que l’on sentait nécessaire, alors vient le moment où on vérifie le but qu’on voulait atteindre. On peut commencer alors à envisager la fin de la thérapie, du suivi ou de l’accompagnement.
Ainsi, ce n’est que lorsqu’un certain nombre d’évènements ont eu lieu et ont modifié le mode de vie du patient, de sorte à l’y engager durablement, que l’on peut enfin considérer que la phase de résolution a porté ses fruits et que l’on peut faire le bilan.
Le psychologue ici peut proposer au consultant de faire retour sur lui-même pour s’évaluer et lui demander de vérifier si cette évaluation est juste. Si tout évolue dans ce sens, au terme de ce processus en cinq étapes, le consultant devrait avoir non seulement surmonté ses difficultés, mais il devrait aussi avoir renforcé ses connaissances de lui-même et être suffisamment autonome pour ne plus avoir recourt à l’assistance du psychologue. On peut alors envisager la fin de la thérapie sereinement. Mais si ce n’est pas encore actuel, on revient en arrière pour apporter des correctifs et on prend le temps que les choses évoluent jusqu’à ce que l’on se sente prêt pour arrêter le suivi.
Les multiples trajectoires de la psychothérapie : un voyage personnel
Ainsi, de bonds en boucles, d’une thématique à l’autre, le processus que constitue ces cinq étapes, peut être linéaire pour certains, là où pour d’autres il sera cyclique. Certains patients vont vouloir revenir en arrière, d’autres vont vouloir sauter des étapes. Certains iront vite, d’autres lentement. Certains seront réguliers et d’autre iront par à-coups. Certains arrêterons en cours de route et on ne les reverra jamais plus, d’autres reviendront et termineront plus tard. D’autres feront leur chemin par petits bout en plusieurs séquences. Certains passeront par ces étapes de façon sérielle et progressive, là où pour d’autres elles s’imbriqueront, se chevaucheront en parallèle. La plupart le feront dans l’ordre, tandis que certains devront les aborder dans le désordre pour découvrir l’ordre.
En guise de conclusion
Ces cinq étapes-clés constituent un système. C’est là leur force. L’intérêt d’en parler ici, c’est que ces clés sont des repères. Grace à ces repères, on sait où on se situe dans le travail thérapeutique. Ces étapes désignent des objectifs thérapeutiques à atteindre quelques soit les problématiques abordées ou les orientations théoriques retenues.
Expliquer ces repères, cela permet de rassurer les patients qui se posent des questions ou qui ont des doutes, des idées reçues, des croyances limitantes ou des stéréotypes sur les accompagnements psychologiques. Cela permet de se projeter et de comprendre en quoi, une psychothérapie peut être utile et efficace et prendre sens dans la singularité de chaque histoire. Cela permet de définir à quoi sert exactement une psychothérapie, d’en poser le cadre et la structure, de telle sorte que chacun puisse s’investir comme il le désire. Cela permet de baliser un chemin et d’éclairer la décision de celui ou celle qui souhaite s’y engager.
Chaque situation est unique, chaque demande est singulière.